Fin du premier Round

 04 mai 2020
 Vincent Pluvinage


 Le paradoxe lors de cette première étape était que pour aller vite il fallait rester statique à son domicile afin de limiter les contacts, « le corps à corps ». Il semble que cette première période ait porté ses fruits: les indicateurs sont à la baisse et le confinement a donc joué son rôle. Il est probable que d’autres cofacteurs aient joué ou jouent peut-être encore un rôle. Quoi qu’il en soit, l’occupation du nombre de lits en réanimation diminue, un peu trop lentement peut-être mais cette condition indispensable parait pour passer au deuxième round.

 

 

 


Dans une semaine, si tout va encore dans le bon sens, nous allons commencer un nouvel exercice: le déconfinement progressif. Situation inédite qu’il va falloir affronter afin de limiter une possible ré-emergence du virus. Enjeu médical et économique majeur, partie difficile où le style imposé est donc une distanciation sans confinement. La population doit comprendre l’importance de cet enjeu et nous, médecins, nous nous devons d’être didactiques avec nos patients. Nous devons être exemplaires. Il faut que nos patients puissent revenir dans nos cabinets sans crainte. Il faut que nous puissions le plus sereinement et le plus rapidement possible, reprendre en main tous nos patients afin que cette situation ne soit pas responsable de dommages collatéraux encore plus importants en ne prenant pas soin de toutes les autres pathologies laissées en « stand by » depuis maintenant six semaines.

 


La réflexion de nos autorités de tutelle pour un déconfinement optimal repose sur la détection des patients suspects Covid+ et de leurs contacts. Les médecins de ville vont à nouveau remplir la fonction de cheville ouvrière, avec je l’espère tout le matériel nécessaire et indispensable, pour se protéger et protéger. Cette procédure est effectivement importante pour détecter, tester et isoler le plus rapidement des patients infectés et des cas contacts supposés.

Une plateforme sur Amelipro va donc être mise à disposition des médecins afin de déclarer un patient Covid+ confirmé par PCR. Après quoi deux situations sont possibles. La première sera a priori moins chronophage, limitant le rôle d’enquêteur du médecin aux cas Covid+ et permettant donc de dégager du temps pour s’occuper d’autres patients non-Covid. L’équipe départementale de la CPAM, tenue au secret médical, dirigée par un médecin conseil, s’occupe de tout en répertoriant les cas contacts, en les invitant à réaliser un test PCR, leur prescrira des masques et validera directement un arrêt de travail pour un confinement ciblé si nécessaire. L’autre possibilité proposée au praticien de ville est que ce dernier s’occupe de tout ou partie de la recherche et de l’enregistrement des cas-contacts sur Amelipro moyennant une rémunération supplémentaire: ce qui déontologiquement pose la question de la limite du secret médical.

A ce sujet, le patient Covid+ est en droit de refuser de donner les informations concernant ses sujets contacts. Une fois contacté par la CPAM, ce même patient peut donner les informations des cas contacts et demander à rester anonyme. Enfin les cas contacts sont également en droit de refuser de se faire tester. Le libre choix sera laissé au patient après information.

Diagnostiquer, détecter, isoler tout en respectant la vie privée et le libre choix individuel sans que cela n’affecte la collectivité: un exercice de funambule qu’il va falloir réussir.