Aujourd’hui le Conseil départemental compte 277 futurs confrères titulaires d’une licence de remplacement (médecins non thésés) et 323 docteurs en médecine ayant une activité déclarée de remplacement, toutes spécialités confondues.
Les remplaçants qui ont une activité régulière et fixe sont autant de confrères en moins disponibles pour les remplacements ponctuels augmentant encore plus le stress des confrères installés. Ils peinent à trouver une aide et un soutien pour ces périodes et l’approche de l’été pose avec acuité les difficultés que rencontrent les médecins installés pour se faire remplacer. Ces difficultés sont de plusieurs niveaux et le Conseil départemental aimerait que chacun en prenne conscience.
Sur un plan organisationnel, depuis quelques années, l’activité de médecin remplaçant se professionnalise autant parce que certains en fin de carrière souhaitent conserver une petite activité en complément de leur retraite, alors que les plus jeunes voient dans le remplacement un mode d’exercice leur permettant de concilier une certaine flexibilité ne sachant pas forcément quelle orientation donner à leur carrière : attente du choix d’une installation, leur conjoint(e) n’étant pas fixé lui même, soucis familiaux, charge d’enfants, etc… avec la possibilité de ne pas perdre des connaissances acquises.
Cette modification du cadre de l’activité des remplacements entraine quelques évolutions qui ne sont pas toujours les bienvenues. Nous souhaiterions que chacun en revienne à une déontologie, une confraternité, une entraide pour que tous puissent faire valoir leurs droits, mais n’oublient pas leurs devoirs afin que le Conseil n’ait pas à intervenir dans des relations qui sont quand même des plus agréables.
Sur le plan financier, une certaine pression s’est installée insidieusement dans les demandes de rétrocessions d’honoraires. La difficulté à trouver un remplaçant fait que certains pensent que la loi de l’offre et la demande doit s’appliquer en lieu et place de la confraternité et du compagnonnage. Certains remplaçants n’hésiteront pas à réclamer des reversions maximales à des confrères en situation médicale difficile et urgente. Ceci est totalement choquant, traduisant un certain mépris envers le lien social qui doit animer notre profession en charge de la santé de tous. L’argent est nécessaire mais ne fait pas tout. Et là aussi les clauses contractuelles doivent s’appliquer avec tact et mesure. Les médecins installés ont des charges de cabinet incompressibles, ils mettent à disposition de leur remplaçant un ensemble de services qui ont un coût, ces remplaçants doivent trouver en échange une activité professionnelle nécessaire pour leur permettre de vivre normalement de leur métier. Nous nous devons tous entraide au regard de l’article 44127-56 du Code de la Santé Publique. Le Conseil en appelle donc à la raison des uns et des autres.
Nous sommes bien sûr à la disposition de tous, association de remplaçants, confrères pour aplanir d’éventuels différents mais nous ne souhaitons plus voir cette course à l’augmentation du taux de reversion qui n’a aucun sens et personne n’en sortira gagnant. Un moment arrivera où il n’y aura plus d’intérêt à faire appel à des remplaçants, et le nombre de remplaçants augmentant, l’excès de l’offre fera chuter de lui même la demande. Nous attirons l’attention de nos confrères sur l’intérêt de la maitrise de stage qui est un enrichissement intellectuel certain pour les médecins et un tremplin pour l’accession aux remplaçants.
Enfin, pour clore ce chapitre, mettons un peu de baume au cœur des confrères qui souhaitent trouver un successeur car nous assistons à un retour des ventes de patientèle. Certes les montants restent raisonnables mais il s’agit là d’une satisfaction indéniable. Notre département continue d’attirer les confrères par son dynamisme et son attractivité économique et culturelle.
Notre pays vient de signifier à nos élites politiques une volonté ferme et nette de changement, de rajeunissement en mettant un terme au ronronnement circulaire des uns, remplacés cinq ans plus tard par les battus précédents ! Les Français ont émis le souhait d’une France en changement, « en marche » ! Le nouveau Président de la République et son équipe sont des personnalités jeunes qui veulent mettre un terme au cumul des mandats, obliger à un renouvellement et à un rajeunissement des équipes.
Une leçon nous est donnée, à notre niveau aussi, nous devons solliciter nos jeunes confrères pour qu’ils s’investissent, qu’ils prennent leur destin et leur avenir professionnel en main. En février 2018, des élections départementales auront lieu pour renouveler une moitié du Conseil. Comme vous le savez, ces élections seront d’un nouveau genre avec la nécessité de se présenter en binômes de candidats de sexe différent. Vous devez d’ores et déjà vous y préparer et les conseillers sont bien sûr disponibles pour répondre à toute question !
Nous vous souhaitons à toutes et tous de bonnes vacances reposantes et aux remplaçants, la joie de découvrir ce qui fait le bonheur de notre métier.
Docteur Jean-Louis CLOUET
jean-louis.clouet@medical44.apicrypt.org