Nous vous informons que plus d’une soixantaine de cas de coqueluche à Bordetella parapertussis ont été détectés au centre hospitalier d’Avignon. Parmi ces cas, on compte un tiers de malades, résidant dans le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône et le Gard, qui ont contracté la maladie hors de l’hôpital, témoignant d’une circulation à bas bruit de la bactérie en population générale dans ces départements.
Pour rappel, deux bactéries du genre Bordetella sont essentiellement responsables des syndromes coquelucheux chez l'homme : Bordetella pertussis et Bordetella parapertussis. A noter que l’efficacité de la vaccination est moindre lors des infections liées à Bordetella parapertussis.
La coqueluche peut-être à l’origine de formes graves chez les nourrissons de moins de 6 mois, les personnes souffrant d'une maladie respiratoire chronique (asthme, broncho-pneumopathies chroniques obstructives...), les personnes immunodéprimées et les femmes enceintes.
Pour tout cas présentant des symptômes évocateurs de coqueluche, il est nécessaire de confirmer biologiquement le cas par la recherche à la fois de B. pertussis et B. parapertussis, par les tests PCR ciblant ces pathogènes, selon les modalités recommandées par l’Avis du HCSP relatif à la conduite à tenir autour d’un ou plusieurs cas de coqueluche du 18 novembre 2022. Les PCR multiplex, moins sensibles, ne sont pas recommandées.
Si le cas est confirmé, une antibiothérapie efficace doit être prescrite (Cf. schéma thérapeutique en fin de mail).
Il est également indispensable de rechercher l’existence de personnes à risque de forme grave parmi les contacts du cas et de leur prescrire une antibioprophylaxie (idem que le traitement curatif).
Dans les infections confirmées à B. parapertussis, l’Avis du HCSP relatif à la conduite à tenir autour d’un ou plusieurs cas de coqueluche du 18 novembre 2022 recommande spécifiquement :
de ne traiter les sujets a- ou pauci-symptomatique (rhinite isolée) que lorsqu’il y a dans leur entourage, des sujets à risque de coqueluche grave
de ne traiter les sujets contacts proches d’un cas confirmé, que s’il existe dans leur propre entourage un sujet à risque de forme grave. Dans cette situation, tous ces sujets contacts, quels que soient leurs antériorités de vaccination contre la coqueluche et leurs facteurs de risque, doivent recevoir une antibioprophylaxie.
Si le cas confirmé a fréquenté une collectivité pouvant être fréquentée par des personnes à risque (crèche, écoles, établissements de santé, Ehpad, établissements médico-sociaux), il est nécessaire de le signaler à l’Agence régionale de santé Paca soit par mail à ars13-alerte@ars.sante.fr soit par fax au 04 13 55 83 44 en précisant l’identité du cas (nom, prénom, date de naissance), ses coordonnées (code postal de domicile, coordonnées téléphoniques) et la collectivité concernée (nom, adresse, coordonnées téléphoniques). Suite à votre signalement, l’ARS mettra en œuvre, en lien avec la collectivité concernée, les mesures adéquates.
Modalités de l’antibiothérapie
Antibiotiques indiqués dans les trois premières semaines d’évolution :
Azithromycine : 20 mg/kg/jour (sans dépasser la posologie adulte de 500 mg/jour) en une seule prise journalière pendant 3 jours chez l’enfant ; 500 mg/jour en une seule prise journalière pendant 3 jours chez l’adulte ;
Clarithromycine 15 mg/kg/j à répartir en 2 prises journalières pendant 7 jours (jusqu’à un maximum de 500 mg 2 fois par jour) chez l’enfant ; 500 à 1000 mg/jour pendant 7 jours en 2 prises journalières chez l’adulte ;
Une alternative thérapeutique aux macrolides doit être considérée chez les patients à risque d’allongement de l’espace QT ou ceux qui présentent une maladie cardiaque sous-jacente.
Si contre-indication (CI) :
Cotrimoxazole : (sulfaméthoxazole + triméthoprime) peut être proposé en traitement de 14 jours à la posologie de 6 mg/kg/jour de triméthoprime en 2 prises chez l’enfant et de 320 mg/jour de triméthoprime en 2 prises journalières chez l’adulte (CI : prématurés et nouveau-nés en raison de l'immaturité de leurs systèmes enzymatiques).
Le traitement antibiotique permet de réduire rapidement la contagiosité et d'autoriser le retour en collectivité après 5 jours de traitement (ou 3 jours si le malade est traité avec l’azithromycine). Par contre, l’influence de l’antibiothérapie sur l’évolution de la maladie n’est pas démontrée.
Chez la femme enceinte, l’azithromycine ou la clarithromycine peuvent être utilisées quel que soit le terme. En cas de contre-indication, le cotrimoxazole peut être utilisé mais son utilisation devra être évitée durant les 10 premières semaines d’aménorrhée ou associée à une supplémentation en acide folique.
Chez la femme allaitante, aucune conduite spécifique n’est requise si le nouveau-né est également traité. Dans le cas contraire l’azithromycine et la clarithromycine peuvent être utilisées. Le cotrimoxazole peut également être utilisé en cas d’allaitement en raison d’un faible passage sauf si le nouveau-né est à risque de déficit en G6PD.